Lionel Audigier (Couteau ou F.25) – Secteur Ferme

Lionel Audigier alias « Couteau » ou « F.25 », né au Havre le 6 février 1909, mort à Saint-Lô dans la nuit du 6 au 7 juin 1944, est un homme politique de la Manche.

Lionel Audigier mérite lui aussi le titre de Manchois d’honneur.

Il commence sa carrière administrative dans des cabinets ministériels et notamment au ministère de l’Agriculture. Ces dernières fonctions lui ont permis de découvrir la Manche en 1936. Il y revient comme sous-préfet de Cherbourg en juin 1942. Ce haut-fonctionnaire de Vichy fait ce qu’il peut pour atténuer les rigueurs du joug allemand dans le Nord-Cotentin. Il semble que Lionel Audigier avait déjà commencé sa lutte contre l’occupant quelques mois auparavant. Il avait ainsi, en avril 1942, fourni à Jean Mihet, originaire d’Agen mais travaillant à Cherbourg, des laissez-passer pour la zone interdite lui permettant ainsi pendant un an de collecter de nombreux renseignements sur le dispositif défensif allemand.
Lionel Audigier, grâce à la fonction qu’il exerce, couvre l’activité des membres du réseau. Il n’hésite pas à placer des résistants à des postes stratégiques. C’est ainsi qu’en juillet 1943, sur la demande du lieutenant Yvon Gitulicelli, Lionel Audigier engage Albert Fatosme comme directeur de l’action sociale sur les chantiers allemands utilisant des requis.
Ces fonctions lui permettent de visiter les chantiers et d’y collecter de nombreux renseignements.
Lionel Audigier utilise aussi sa position pour avertir des Juifs et des réfractaires au STO d’une prochaine arrestation.
Le sous-préfet patriote entretient de fréquents contacts avec Roussel, chef de division de la sous-préfecture, qui appartient également à la Résistance, par l’intermédiaire de courriers administratifs.
En octobre 1942, il est contacté par Jean Sainteny, alias « Dragon », pour entrer dans le réseau Alliance, sous le pseudonyme de « Couteau ». La présence du sous-préfet dans le réseau est un atout de choix.
Surtout, il se met en liaison avec divers groupes de résistance auxquels il ne cesse de fournir des renseignements.

Dénoncé par Élisa de Plinval, Lionel Audigier est arrêté en mars 1944 à la suite de la capture de l’agent de liaison du réseau, Jean Truffaut. Il est incarcéré à la prison de Saint-Lô où il périt lui aussi sous les bombardements de Saint Lô du 7 juin 1944.

Elisa de Plinval, née L’Eguillon, voit le jour le 7 novembre 1893 à Paris. Elevée par les dames de Sion, elle prépare le conservatoire avant d’être recrutée comme professeur de piano par une institution catholique. En 1916, elle s’installe à Bricquebec dans le château familial de la Ramée puis épouse, en 1925, le vicomte Lefèvre de Plinval. Vicomtesse endettée, elle est chargée par la Croix-Rouge d’organiser une équipe d’ambulancières dans l’agglomération cherbourgeoise pour le compte de la Défense Passive. Ses fonctions l’amènent à rencontrer fréquemment des officiers allemands, et en particulier le capitaine Haberla, adjoint du Kreiskommandant et membre de la Gestapo. Elle lui fournit régulièrement des informations. Adhérente au RNP, au MSR et aux Amis de la LVF, elle devient un agent de renseignement de la Gestapo.
Marie-Louise Guéret, alias Marylou, est née le 10 août 1901 à Saint-Pierre-Eglise. Couturière, choriste au théâtre de Cherbourg, plusieurs liaisons sentimentales l’éloignent de cette ville. A son retour en 1938, elle se livre à la prostitution. Pendant l’Occupation, elle se prostitue avec des officiers allemands et des personnalités cherbourgeoises tout en exerçant la fonction d’infirmière bénévole à la Défense Passive. C’est là qu’elle se lie d’amitié avec la vicomtesse de Plinval qui l’héberge dans un appartement cherbourgeois qu’elle loue. Lorsqu’elle est radiée par le préfet des cadres de la Croix-Rouge pour autoritarisme, consommation d’essence injustifiée et distribution de denrées contingentées, elle noue une rancœur tenace. Elle décide de se venger de tous ceux qui ont contrarié ses desseins et trouve un moyen de régler ses problèmes en empruntant la voie de la collaboration avec la Gestapo et en y entraînant ses amis.
En janvier 1943, les deux femmes dressent une liste de quatorze personnalités, « suspects gaullistes » qu’elles remettent au siège de la Gestapo de Cherbourg. Se trouvent sur cette liste entre autres le préfet Henri Faugère, le sous-préfet de Cherbourg Lionel Audigier et le docteur Jack Meslin. Par la suite, la vicomtesse dénonce comme anglophiles et dangereux tous ceux qui se mettent sur sa route. Ainsi le vétérinaire Lemière et le maire des Pieux qui ont attaqué la réputation de son ami le colonel Rendu, ou encore le dénommé Gosnon qui refuse d’assister à une fête de la Croix-Rouge en compagnie des Allemands, comptent parmi ses victimes.
Traduites devant la cour de justice à la Libération, les deux femmes sont condamnées à mort.

À Cherbourg, un square porte le nom de Lionel Audigier

SOURCES : https://www.wikimanche.fr/Lionel_Audigier- Mémorial
– Michel Boivin, Les Manchois dans la tourmente de la Guerre, 1939-1945, Thèse de Doctorat d’État Lettres et Sciences Humaines, sous la direction de Dominique Barjot, 13 décembre 2003, pp. 504-506.
– Cédric Neveu

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