
Pierre Emile Marie Barjot (13 octobre 1899 – 1er février 1960) est un officier de marine français.
Amiral, il est commandant en chef des forces françaises au cours de l’expédition de Suez en 1956. Il est l’auteur de nombreux livres et articles sur l’aéronautique navale.
Lorsque la guerre éclate contre l’Allemagne, pierre Barjot est officier de liaison auprès des Britanniques, a maintenon, où se trouve l’Amirauté. Barjot rejoint Marseille. Le 15 octobre 1940, il est officiellement placé en mission hors cadre au profitde la marine Marchande et devient Chef de Cabinet de l’Amiral Moreau. Or le 27 mai 1941, alors qu’il est à Toulon, la direction du personnel militaire de la Marine, lui accorde un congé jusqu’au 12 Juillet. Or le 31 mai, il est chef de service du croiseur Algérie. A bord il doit remplacer le CC Bérietà partir du 23 Juin. Le 7 juin il est officiellement rappelé au service. Rien ne va plus, Barjot fait savoir qu’il a obtenu une permission et qu’il compte bien la conserver. Il réagit en se faisant examiner par un médecin militaire qui constate un état de dépression. Mais il ne s’arrête pas là et écrit à la DPMM en rappelant son état de santé.
En définitive, la DPMM confirme sa permission le 28 Juin. Une situation bien curieuse en temps de guerre… Le mystère s’épaissit lorsque l’on découvre dans les papiers de l’Amiral Auphan que Barjot est en réalité envoyé au Levant dans le cadre d’une mission secrète. Il convient de rappeler que la campagne de Syrie oppose directement les anglo-gaullistes aux vichyssois. Une lettre de de M.Giacometti , sous directeur d’administration centrale au ministère des Armées, précise que Barjot est nommé commissaire du gouvernement afin de lutter contre l’expansion gaulliste au sein de la Marine. On peut se demander pourquoi Barjot a accepté de travailler pour Vichy ?
Loustounau Lacau nous donne la solution et confirme que c’est bien à Beyrouth que Barjot prend contact en 1941 avec Alliance par l’intermédiaire de Lord Astor, tout jeune officier de l’Etat Major de Spears au levant.
C’est à ce moment là que MM Fourcade commence à recevoir des informations d’un certain Pluton sur des mouvements de UBoots en Méditerranée. Derrière ce pseudonyme se cache le commandant Barjot. Son activité résistante ne fait pas de doute. Mais, comme le prouve l’affaire Barjot, Rollin engage un « double jeu » qui sert ses amis britanniques. De quoi s’agit-il ? En janvier 1942, le patron de la ST communique au commandant Rochette, patron du contre-espionnage de la Marine, une interception qui concerne la Royale. Un message envoyé de Marseille au MI 6 laissant entendre qu’un officier de la Marine, qui a déjà été en contact avec les services anglais à Beyrouth, a accepté de travailler pour les services spéciaux de Sa Majesté. Les marins n’ont guère de difficulté à identifier la « taupe anglaise ». C’est le commandant Barjot, ancien du Deuxième Bureau, posté à Marseille puis promu commandant en second du Richelieu, qui mouille à Dakar. Le Richelieu a déjà été la cible de la flotte anglaise. Barjot est-il prêt à trahir au point de les aider à couler son propre navire, comme ce fut déjà le cas à Mers el-Kébir ?
Rollin envoie Linas en Afrique accompagner Rochette pour appréhender l’officier du Richelieu. Le commissaire divisionnaire de la ST qui, on s’en souvient, a fait arrêter le lieutenant Aubert avant la déclaration de guerre, évolue en terrain familier. L’équipe s’envole sur Dakar et n’aura aucune difficulté à faire craquer Barjot qui admet avoir été recruté par les services anglais.
« Allez-vous me livrer aux Allemands ? » demande-t-il à Linas et à Rochette dans l’avion qui les ramène à Vichy. Les deux enquêteurs ont bien du mal à lui faire comprendre qu’ils combattent pour la France, à leur manière… Débriffé par Linas, Barjot, expliquera que c’est en vrai patriote qu’il s’est mis au service des Anglais. Marie-Madeleine Fourcade (Hérisson) reconnaîtra plus tard que Barjot a rendu d’importants services à son réseau Alliance en fournissant des renseignements stratégiques sur l’escadre de Méditerranée.
Sa « trahison » est donc très relative, et le commandant Rollin qui supervise les interrogatoires s’arrange pour qu’on égare le dossier. D’autant plus qu’en avril 1942, le lobby de la Marine perd la bataille contre Laval, à nouveau imposé par les Allemands comme chef de gouvernement. La Royale a aussi tout intérêt – esprit de corps oblige ! – à ce que le dossier de Barjot disparaisse. Ce dernier est envoyé en Algérie dans un poste subalterne à titre de punition. Six mois plus tard, les Alliés débarqueront en Afrique du Nord et Barjot retrouvera ses amis anglo-saxons et sera affecté à des missions de liaison.
Mais le commandant Barjot pouvait-il savoir qu’il a en fait été protégé par un agent britannique de plus haut vol que lui-même, Rollin en personne ?
Un bon agent doit évidemment être crédible. Les Britanniques reprocheront plus tard au chef de la ST d’avoir tout de même favorisé le démantèlement d’un réseau d’évasion anglais. Mais à sa décharge, des résistants de premier plan-tels Henri Frenay (Combat) ou Marie-Madeleine Fourcade (Alliance) – rappelleront qu’ils ont été protégés par Rollin ou par ses hommes.
Distinctions :
Grand-officier de la Légion d’honneur
Médaille de la Résistance
Croix de guerre 1939-1945
Commandeur de l’Ordre du Mérite maritime
Source :
DST: Police secrète: de Roger Faligot et Pascal Krop
Cols Bleus n°2716 du 2 octobre 2004.p26-27