Marcel Horvilleur – Secteur Ferme

« Notre père Marcel HORVILLEUR, né le 28 Août 1914 a effectué son service militaire à partir de 1937 chez les Pompiers de Paris à la Caserne Champerret en tant que conducteur de la grande échelle.
En parallèle il a poursuivi avec succès sa carrière de pilote de course en Europe sur Alfa Roméo et Maserati jusqu’en 1939.  

Le 14 Juin 1940, les allemands  sont entrés dans Paris, et les Pompiers de Paris du fait de leur statut de militaires ont dû se soumettre à l’autorité de l’occupant, ce que Marcel Horvilleur et d’autres pompiers ont refusé. C’est donc le jour même à bord d’un véhicule « emprunté » à la Caserne que notre père a quitté Paris en compagnie de douze camarades en direction de la Zone Libre et plus précisément en direction de Sarlat en Dordogne.

Des documents en notre possession attestent de ce parcours puisque « Vivres et carburant » ont été délivrés par des dépôts de l’Armée Française à Tours, Cahors et Montauban entre le 14 Juin 1940 et le 18 Juin 1940. Très vite sur place il fait l’acquisition d’une licence de transporteur et profite de ses nombreux déplacements dans la région pour entrer en résistance en participant dans un premier temps au Réseau « Combat ».

En Juin 1942 il est contacté par un membre du réseau « Alliance » pour participer de manière plus active à la lutte contre les Allemands. Courant 1943 il est désigné par le Chef du Réseau local pour accompagner un anglais chargé par Londres pour mettre fin aux jours d’une Française connue pour « collaborer » activement avec les Allemands.
Il utilise ainsi sa camionnette pour transporter armes, munitions et postes de radio parachutés par les Anglais. En arrivant sur les lieux Marcel Horvilleur a pu constater la présence de nombreux dignitaires nazis conviés à déjeuner.
Parlant couramment l’anglais Marcel Horvilleur a su convaincre son équipier de remettre sa mission à plus tard, ceci afin d’éviter des représailles auprès de la population française, ce qui était à l’époque systématique lorsqu’il y avait un attentat contre les forces d’occupation, et plus encore lorsqu’il s’agissait de membres de la Gestapo comme leurs voitures l’indiquait dans ce cas.
C’est cette femme qui dans les semaines qui ont suivi, a dénoncé bon nombre de membres du réseau y compris Marcel Horvilleur qui a été arrêté le 12 février 1943 par la Gestapo à Sarlat où il résidait.
Peu de temps avant il a pu transporter MMF à sa demande dans une nouvelle cache tenue secrète, ce qui lui a évité ainsi d’être arrêtée elle aussi.
MMF en pages 359 et 361 du livre « L’Arche de Noé » qu’elle a écrit pour relater l’histoire du réseau « Alliance » fait mention de cet épisode.

Marcel Horvilleur est transféré à Limoges pour interrogatoires, puis à Compiègne lieu de passage obligé pour la déportation. Il est arrivé au Camps de Sachsenhausen en Allemagne à 40 km de Berlin coté Est, où il est interné sous le matricule numéro 65409. Il travaillera au commando « Falkensee » à l’usine de fabrication de chars construite sous un lac artificiel et qui pour cette raison n’a jamais été bombardée par les Alliés.

Peu de temps avant  la libération du camp et devant l’avance des troupes Russes, Marcel Horvilleur et ses camarades ont dû subir une épreuve terrible consistant à décharger à mains nues des survivants du Camp d’Auschwitz  mêlés à des cadavres entassés dans des wagons chargés en hâte par les nazis.

Le camps est libéré par les Russes, et Marcel Horvilleur reviendra très diminué physiquement mais vivant le 24 mai 1945. Il reprend alors l’activité de notre grand-père Robert Horvilleur décédé d’un cancer pendant la guerre, à savoir « marchand de vaches laitières » à Boulogne (92). Marcel Horvilleur n’a pas revu son père à son retour de déportation et cela a été l’un des drames de sa vie.

A notre connaissance notre père Marcel Horvilleur est le seul membre du réseau « Alliance »  Région Centre qui a été interné Sachenshausen Commando Falkensee qui soit revenu vivant, et qui a pu ainsi témoigner au procès de la « collaboratrice » citée plus avant qui a eu lieu à Bordeaux avec pour sentence sa condamnation à la peine capitale.

Marié en 1946, Marcel Horvilleur a tout d’abord été soucieux d’oublier la déportation et les souffrances qu’il a enduré avant de prétendre à de quelconques honneurs. C’est vers 1962, encouragé par des camarades de déportation qu’il a contribué à sauver qu’il a entrepris les démarches pour obtenir le statut de Grand Invalide de Guerre, la Croix de Guerre 39-45 avec Palmes, la Médaille de la Résistance et la Légion d’Honneur en 1970 au Grade de Chevalier, puis en 1978 à celui d’Officier. C’est Mme  MMF qui lui a remis la légion d’Honneur  en reconnaissance de son action pour la sauver.

Notre père nous a toujours montré l’image d’un homme très courageux doté d’un caractère fort,  qui n’a jamais regretté son engagement dans la résistance en ayant pleinement conscience des risques qu’il encourait.

Il n’a donc pas vécu sa déportation comme une injustice mais comme la conséquence de ses actes qu’il a pleinement assumé.

Cet engagement qui a été le sien a pour principale motivation ses convictions d’homme de gauche et son attachement à la France puisqu’issue de famille juive dans ce pays depuis plusieurs générations.

Marcel Horvilleur est décédé le  10 juillet 1997  à l’âge de 83 ans,  en ayant eu la peine immense de perdre son épouse, notre mère Denise Horvilleur née Weil dans un accident de voiture en 1979.  

Propos recueillis par Robert Horvilleur, son fils.

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