
Né le 1er novembre 1914 à Albertville (Haute-Savoie), fusillé à Luze (Haute-Saône) le 8 septembre 1944 ; professeur ; officier de DCA ; résistant du réseau Alliance ; Compagnon de la Libération.
Georges Larmarque alias « Petrel « , « Brenn » était marié avec un enfant. Son père qu’il n’a pas connu, était agrégé de philosophie et est mort pour la France au cours de la bataille de la Marne en septembre 1914.
Elève brillant du Lycée Henri IV à Paris, Georges Lamarque entra à l’École Normale Supérieure et en sortit agrégé de Mathématiques en 1938. Il était professeur de mathématiques.
Mobilisé en 1939 en qualité d’officier de D.C.A., il fut blessé sur la Loire au cours de la retraite de 1940 et décoré de la Croix de Guerre. N’acceptant pas l’armistice, il milita dès le mois de juillet 1940 dans le réseau « Étoile », rapidement décimé. Démobilisé, il enseigna au Centre Lenoir de Nice (Alpes-Maritimes), sorte de collège technique. Ensuite, il fut détaché par le Ministère de l’Education Nationale au Ministère de la Jeunesse, et accepta un poste de chargé de mission au sein du Centre National des Compagnons de France, mouvement de jeunesse créé sous le gouvernement de Vichy, dont il devient au bout de deux ans inspecteur général.
De son poste de commandement, installé au château de Crépieux-la-Pape près de Lyon (Rilleux-la-Pape, Rhône) dont il a fait un collège d’enseignement technique, il mit en place un vaste réseau d’information couvrant la zone sud destiné à contrecarrer la propagande allemande.
Il entra en 1942 dans le réseau de renseignement « Alliance ». Sous le nom de « Petrel », Chef de Mission 2eme Classe. il fut d’abord chargé des questions de liaisons radio et dut étudier l’implantation sur tout le territoire des postes émetteurs que reçut le réseau par parachutage, renforcer les centrales existantes ou en créer d’autres avec de nouveaux opérateurs. Ses connaissances techniques lui permirent de participer à de nombreuses émissions de radiotélégraphie.
Au début de 1943, il fut spécialement chargé de la création du sous-réseau « Druides », d’où l’autre alias « Brenn », qui recruta notamment parmi les Compagnons de France y compris après la dissolution de cet organisme par le gouvernement de Vichy pour « menées antinationales ». Il forma des agents et des cadres pour les Forces Françaises Combattantes et adressa de très nombreux rapports d’espionnage à Londres. Bien que recherché par la Gestapo, il sillonna la France.
Dans la nuit du 15 au 16 juin 1943, il décolla clandestinement du terrain de Bouillancy près de Paris à destination de l’Angleterre, car le War Office britannique, impressionné par la qualité de ses rapports sur l’implantation des défenses de l’ennemi, avait demandé sa venue à Londres afin qu’il puisse prendre contact avec des spécialistes et acquérir de nouvelles techniques.
De retour en France, sur le même terrain d’aviation, dans la nuit du 17 au 18 juillet, il reprit ses activités de renseignement. Le mois suivant « Petrel » adressa à Londres un rapport, d’une importance telle qu’il remonta jusqu’à Churchill, concernant les nouvelles armes allemandes V1 et V2 dont les Alliés, jusque là, ignoraient quasiment tout.
En effet, il avait recruté Amniarix, Jeannie rousseau en 1942. C’est elle qui a réalisé un des plus grands exploits du réseau « Alliance ». Ayant réussi à être engagée dans un organisme professionnel d’entente entre le patronat français et les services allemands à la recherche de fournisseurs, elle a réussi à accumuler de nombreuses informations sur les « armes secrètes » (V1 et V2) mises au point par les Allemands à Peenemünde. Le rapport très précis et détaillé qu’elle transmet en 1943 décide les Britanniques à bombarder la base de Peenemünde. Le bombardement effectué le 18 août 1943 avec près de 600 avions fit d’énormes dégâts et tua plus de 500 techniciens et experts retardant ainsi de plusieurs mois les attaques de V2 sur l’Angleterre.
Extrait du rapport (source Arche de Noé, MM Fourcade) :
« RENSEIGNEMENTS COMMUNIQUÉS PAR UN CAPITAINE D’ACTIVE ATTACHÉ AU CENTRE D’ESSAI DONT IL SERA QUESTION.
Dans l’île de Usedon (nord de Stettin) se trouvent concentrés les laboratoires et services de recherche scientifique qui améliorent les armes existantes ou mettent au point les nouvelles armes. Le territoire de l’île est gardé de très près. Il faut pour y pénétrer, en plus du livret militaire, trois autorisations spéciales: – Sondergenehmigung – Zusatz – Vorliiufigergenchmigwlg papier filigrané carton orange papier blanc J
Les services administratifs sont à Peenemünde et à… (un mot illisible). Les recherches sont axées:
a) sur les bombes et obus dirigés indépendamment des lois de la balistique,
b) sur un obus stratosphérique, c) sur les bactéries employées comme arme. La Kampfgruppe KG 100 expérimenterait actuellement des bombes dirigées de l’avion par le bombardier.
Ces bombes pourraient être dirigées d’une distance telle que l’avion pourrait se maintenir en dehors des limites de la DCA. La précision serait parfaite lorsque l’avion n’aurait pas à se défendre contre les chasseurs (ce qui n’est pas le cas en Sicile !). On en serait à la période des dernières mises au point d’une bombe stratosphérique d’un type tout à fait nouveau. Cette bombe aurait un volume de 10 (dix) m3 et remplie d’explosif. Elle serait envoyée presque à la verticale pour atteindre le plus vite possible la stratosphère. L’informateur parle de 80 kilomètres à la verticale. La vitesse de départ serait maintenue par des explosions successives. La bombe serait pourvue de Racketten (ailettes ?) et dirigée sur des buts précis. La bombe serait chargée de 800 litres d’essence, nécessaires même en période d’essai où les obus ne sont pas chargés pour permettre la progression. La portée horizontale serait de 500 kilomètres.
Des essais auraient été faits sans charge d’explosif de Usedon en direction de la Baltique et auraient atteint la hauteur de Kœnigsberg. Le bruit serait aussi assourdissant que celui d’une forteresse volante. Les essais auraient donné au début d’excellents résultats quant à la précision. C’est à la réussite de ces essais qu’Hitler aurait fait allusion lorsqu’il a parlé » d’armes nouvelles qui changeront la face de la guerre lorsque les Allemands s’en serviront « .
Tout récemment, il y aurait eu un ennui, la moitié seulement des bombes atteignant avec précision les buts visés. On compterait surmonter cette défaillance récente vers la fin du mois.
Le colonel Wachtel et les officiers qu’il a réunis formeraient les cadres d’un régiment de FLAK (16 batteries de 220 hommes, le 155 » W « , qui va être installé en France, fin octobre début novembre. Etat-major dans les environs d’Amiens, les batteries, entre Amiens, Abbeville et Dunkerque). Le régiment disposerait de 108 (cent huit) catapultes pouvant tirer une bombe toutes les vingt minutes. L’artillerie de l’armée de Terre disposerait de plus de 400 catapultes qui seraient placées de la Bretagne à la Hollande. Les régiments d’artillerie seraient dotés de ces engins au fur et à mesure de la fabrication en quantité suffisante des munitions..L’expert Sommerfled estimerait que 50 à 100 de ces bombes suffiraient à détruire Londres. (Le commandant Sommerfeld est le conseiller technique du colonel Wachtel.) Les batteries seraient disposées de façon à détruire méthodiquement la plupart des grandes villes anglaises au cours de l’hiver. Des plates-formes bétonnées seraient déjà en construction. On compterait les garnir en novembre. »
La Provence une fois libérée, il se proposa comme éclaireur civil à la 1er Armée française dans les vallées du Rhône et de la Saône. Il partit à bicyclette, accompagnant les Allemands dans leur retraite, derrière les lignes ennemies pour renseigner les armées alliées. Accompagné de son radio, Clément Defer, il s’installa à Luze en Haute-Saône dès le 19 août 1944. Il transmit de nombreux rapports radio et réussit plusieurs liaisons avec le groupe de Marie-Madeleine Fourcade installé près de Verdun. Il réclama à plusieurs reprises des parachutages d’armes pour la résistance locale.
Le 8 septembre 1944, alors qu’il venait d’être rejoint par un de ses adjoints, Louis de Clercq, un groupe de SS de la division Das Reich vint cantonner dans le village. Détectés par la radiogoniométrie allemande, Georges Lamarque et ses deux camarades, refusant de fuir pour éviter des représailles sur la population civile, furent arrêtés le jour même à 15 heures et fusillés pour espionnage, à 20 heures 30 dans un champ voisin.
Distinctions :Georges Lamarque reçut de nombreuses décorations :
Chevalier de la Légion d’Honneur
Compagnon de la Libération – décret du 7 août 1945
Croix de Guerre 39/45
Médaille de la Résistance
SOURCES : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/-Archives du musée de la Résistance azuréenne, Martyrologe. — CDI du lycée des Eucalyptus, dossier biographique de Georges Lamarque. — Site des Compagnons de la Libération.
Georges Lamarque, nommé commandant à titre posthume, a, dans un premier temps, été inhumé au cimetière de Luze puis dans le cimetière de Bassens en Savoie.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Luze.
Une plaque décrivant ses activités professionnelles et résistantes est apposée dans la cour du lycée technique des Eucalyptus, qui a intégré l’ancien Centre Lenoir de Nice.