Louis-Lucien Jacquinot (Serval) – Secteur Bonne Mère

Capitaine de réserve d’artillerie : mobilisé sur sa demande, bien que non mobilisable, a participé dans des conditions extrêmement brillantes à la campagne 1939 1945 contre l’Allemagne comme officier de liaison volontaire auprès de l’infanterie. A été dans cette fonction bléssé grièvement. Dès son rétablissement est entré de manière active dans la Résistance, au réseau Alliance. Traqué par la Gestapo à Riom d’abord puis à Marseille d’où il assurait lui-même l’envoi de renseignements à Londres, par poste radio-émetteur. Il a pu ensuite rejoindre les FFL à Londres en Avril 1943. Il a été chargé de par le général de Gaulle des plus hautes fonctions, Commissaire à la Marine, puis Ministre de la Marine dans le gouvernement provisoire.

Louis Jacquinot passe son enfance à Gondrecourt-le-Château. Il fait des études de droit à Paris. Il décide en 1916, d’arrêter ses études et de s’engager. Il reçoit la croix de guerre et se porte volontaire en février 1919 pour servir en Pologne et en Ukraine. Après sa libération en 1920, il termine sa licence en droit et est avocat à la Cour d’appel de Paris. En 1930, il est chef du cabinet d’André Maginot, ministre de la guerre. Aux élections législatives de 1932, il est élu député de la Meuse (circonscription de Commercy) et commence ainsi à 34 ans une longue et brillante carrière parlementaire. Inscrit successivement aux groupes du Centre républicain puis de l’Alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants, il se fait remarquer par ses idées modérées, un important travail parlementaire et des interventions sur la politique de défense et les affaires étrangères.

Le 21 mars 1940, Louis Jacquinot entre comme sous-secrétaire d’État à l’Intérieur dans le gouvernement de Paul Reynaud. Il a 41 ans et commence ainsi une longue carrière ministérielle. Il sort du gouvernement le 10 mai, jour de l’attaque de l’Allemagne contre la Belgique, en même temps que d’autres secrétaires d’État et part au combat. Gravement blessé le 11 juin 1940, ce qui lui vaudra une seconde croix de guerre. Il a déjà pris parti contre l’armistice et la politique du maréchal Pétain mais, immobilisé pour plusieurs mois, ne peut prendre part au vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940. Rendu à la vie civile, il entre dans le réseau de Résistance Alliance.

MM Fourcade en parle dans l’Arche de Noé :

« « La Corrèze avait reçu au S. R. « Alliance » le beau nom d’ « Abri ». Ce qui signifiait que là on pouvait reprendre haleine, recueillir les « animaux traqués », s’évader de France pour échapper aux griffes de l’ennemi ou poursuivre en Angleterre des stages de perfectionnement.

C’est au printemps 1942 que J. BROADHURST (Bélier), qui sortait de prison où il avait été mis pour une affaire de parachutages d’armes, vint me trouver de la part de son avocat Louis JACQUINOT (Serval), pour m’annoncer qu’un solide noyau de Résistance s’était formé en Corrèze depuis plus d’un an et souhaitait se raccorder sur un réseau. Je les adoptais d’emblée et bientôt ce département devint une bénédiction pour l’organisation. Non seulement le pays se prêtait admirablement aux actions de toutes sortes, mais les hommes du terroir se révélaient être d’une trempe peu commune par la solidité de leurs convictions, leur ardeur de s’organiser dans l’ordre et le secret. Jean VINZANT, d’Ussel (Danois), fut leur premier chef du secteur. »

Traqué par la Gestapo à Riom d’abord puis à Marseille d’où il assurait lui-même l’envoi de renseignements à Londres, par poste radio-émetteur. Il est arrêté à Marseille en 1942 puis tente une première fois de rejoindre Londres par les Pyrénées (Secteur Alliés) mais est intercepté et emprisonné à Prades. Une seconde tentative réussit en janvier 1943. Après avoir été interné au camp de Miranda, il peut rejoindre Londres. Cette précieuse adhésion vaut à Louis Jacquinot d’être un des vingt parlementaires appelés à siéger à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger. En novembre 1943, il est un des six parlementaires, avec André Le Troquer, Pierre Mendès France, André Philip, Jean Pierre-Bloch et Henri Queuille, à entrer dans le Comité français de la Libération nationale d’Alger, comme commissaire à la Marine. En septembre 1944, il est ministre de la Marine dans le Gouvernement provisoire de la République française (gouvernement Charles de Gaulle) à Paris.

Il reste ministre de la Marine jusqu’en novembre 1945 et va faire un travail considérable en prenant en charge la reconstruction et la modernisation de la marine de guerre, tout en veillant attentivement à l’épuration du corps des officiers. Il prend rapidement conscience des enjeux scientifiques et techniques de la reconstruction de la marine nationale et propose au général de Gaulle, sans cependant être suivi, de confier aux arsenaux maritimes la recherche et le développement de l’énergie atomique. En novembre 1945, il devient ministre d’État chargé des Affaires musulmanes. Il apprend à Rabat le 20 janvier 1946 la démission de de Gaulle de la présidence du Gouvernement provisoire.

A son retour en France en août 1944, il retrouve son siège de député (Parti républicain de la liberté) aux élections du 21 octobre 1945, par 30 702 voix sur 91 064 suffrages exprimés, et est réélu le 2 juin 1946 (Républicains indépendants) avec 25 936 voix sur 91 784. Le 10 novembre 1945, à l’élection de la première Assemblée nationale de la IVe République, il est réélu, améliorant sa position, avec 35 985 voix sur 87 534 suffrages exprimés, bien qu’il se soit opposé, resté fidèle à de Gaulle, aux deux projets constitutionnels de 1945 et 1946.

Son attitude modérée est bien reçue. Elle lui vaut le 22 janvier 1947, un an après le départ du général de Gaulle, d’être appelé comme ministre de la Marine dans le gouvernement Ramadier, jusqu’au 22 octobre. Deux ans plus tard, il est ministre des Anciens combattants dans le gouvernement Bidault et le reste dans les gouvernements Queuille, Pléven et de nouveau Queuille.

Son activité parlementaire, entre ses postes ministériels, est importante, principalement aux commissions de la Défense et des Territoires d’Outre-mer. Il est nommé en 1948 juré de la Haute cour de justice. Il obtient des crédits importants pour la marine nationale et ses équipements portuaires et logistiques. Il réclame des porte-avions et une nouvelle flotte aéronavale. La marine reconstituée doit pouvoir rester indépendante, pour assurer la sécurité de la France et celle des territoires de l’Union française. Louis Jacquinot défend la proposition de mettre à la disposition de l’ONU une force navale technique. Il argumente pour la poursuite du développement de la flotte contre les positions adverses de Robert Capdeville et Pierre Cot et gagne en obtenant la construction d’un porte-avion, le Clemenceau. Il se réjouit que l’administration de la marine soit désormais confiée à des hauts fonctionnaires issus de l’ENA, de telle sorte que les officiers puissent se consacrer entièrement à leurs tâches militaires. Les crédits maritimes de développement doivent être maintenus et accrus pour nous donner les instruments de notre puissance.

Au ministère des Anciens combattants, Louis Jacquinot s’active à l’indemnisation des victimes de guerre, à l’augmentation des pensions et au rétablissement des anciens combattants dans la position qu’ils occupaient entre les deux guerres.

Aux élections de juin 1951, Louis Jacquinot se voit opposer dans la Meuse une liste RPF, conduite par le général Auguste Gilliot. Il garde cependant le dessus et obtient deux sièges. En août, il redevient ministre, chargé de la France d’Outre-mer, succédant à François Mitterrand. Il conserve ce portefeuille dans les gouvernements Edgar Faure, René Mayer et Joseph Laniel, mais non dans le gouvernement Pinay.

Bien qu’homosexuel, il épouse en mars 1953, Simone Lazard (1899-1991), fille du banquier André Lazard, associé de la banque Lazard, veuve à la fois du marquis Paul de La Fressange (et grand-mère d’Inès de La Fressange) et du ministre des finances Maurice Petsche. À l’élection présidentielle de 1953, il se présente au onzième tour, après le retrait de Joseph Laniel qui se désiste en sa faveur. Se heurtant à l’hostilité du MRP (Louis Jacquinot s’était montré réservé sur le projet de Communauté européenne de défense) et d’Antoine Pinay, il n’atteint pas un nombre de voix satisfaisant et se retire aussitôt, soutenant un sénateur non candidat, René Coty, qui frôle la majorité au tour suivant et l’obtient au 13e.

Au ministère de la France d’Outre-mer, Louis Jacquinot prend des décisions et soutient des projets qui vont dans le sens d’une libéralisation modérée et progressive des colonies et préparent le terrain à la loi-cadre Defferre de 1956 et à la politique du général de Gaulle à partir de 1958. En octobre 1955, le député Jacquinot sanctionne d’ailleurs le gouvernement Edgar Faure (2) à qui il reproche sa politique en Afrique du Nord.

Au retour du général de Gaulle, Louis Jacquinot est appelé au gouvernement, seul des anciens ministres de 1944. Ministre d’État (gouvernement Charles de Gaulle), il participe à la rédaction du projet constitutionnel, effectue des missions diplomatiques, accompagne le général lors de son premier voyage à Alger le 4 juin 1958. Il est ensuite ministre d’État charge de la Recherche scientifique, puis du Sahara et des départements et territoires d’Outre-mer (gouvernement Michel Debré). Il représente la France lors des cérémonies marquant l’accession à l’indépendance du Bénin (ex-Dahomey), du Niger, du Burkina Faso (ex-Haute-Volta) et de la Côte d’Ivoire les 1er, 3, 5 et 7 août 1960. Il conserve ce dernier poste dans le gouvernement Georges Pompidou jusqu’au 8 janvier 1966. Il a alors 67 ans.

Modéré, il appartient aux indépendants pendant la IVe République. Il fait partie des Républicains-Indépendants (1962) de Valéry Giscard d’Estaing puis de l’Union pour la nouvelle République (1968) qui appuie la politique du général de Gaulle. Il reste député de la Meuse jusqu’au 1er avril 1973. Il a alors 74 ans.

Fonctions gouvernementales : Sous-secrétaire d’État à l’Intérieur du gouvernement Paul Reynaud, du 21 mars 1940 au 10 mai 1940, Commissaire à la Marine du Comité français de la libération nationale, du 9 novembre 1943 au 26 août 1944, Ministre de la Marine du Gouvernement provisoire de la République française, du 26 août au 10 septembre 1944, Ministre de la Marine du gouvernement Charles de Gaulle (1), du 10 septembre 1944 au 21 novembre 1945, Ministre d’État chargé des affaires musulmanes du gouvernement Charles de Gaulle, du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946, Ministre de la Marine du gouvernement Paul Ramadier (1), du 22 janvier au 22 octobre 1947, Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre du gouvernement Georges Bidault (du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950), Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre du gouvernement Henri Queuille (du 2 au 12 juillet 1950), Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre du gouvernement René Pleven (du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951), Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre du gouvernement Henri Queuille (du 10 mars au 11 août 1951), Ministre de la France d’Outre-mer du gouvernement René Pleven (du 11 août 1951 au 20 janvier 1952), Ministre de la France d’Outre-mer du gouvernement Edgar Faure (du 20 janvier au 8 mars 1952), Ministre de la France d’Outre-mer du gouvernement René Mayer (du 8 janvier au 28 juin 1953), Ministre de la France d’Outre-mer des gouvernements Joseph Laniel (du 28 juin 1953 au 19 juin 1954), Ministre d’État du gouvernement Charles de Gaulle (du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959), Ministre d’État du gouvernement Michel Debré (du 8 janvier 1959 au 24 août 1961), Ministre d’État, chargé du Sahara, des TOM et DOM du gouvernement Michel Debré (du 24 août 1961 au 14 avril 1962), Ministre d’État, chargé des DOM et TOM du gouvernement Georges Pompidou (du 14 avril au 28 novembre 1962), Ministre d’État, chargé des Départements et Territoires d’Outre mer du gouvernement Georges Pompidou (du 6 décembre 1962 au 8 janvier 1966).

Député de la Meuse de 1932 à 1942 et de 1946 à 1958, Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Meuse), Sous-secrétaire d’Etat à l’intérieur du 21 mars au 10 mai 1940, Ministre de la marine du 10 septembre 1944 au 21 novembre 1945, Ministre d’Etat chargé des affaires musulmanes du 22 novembre 1945 au 26 janvier 1946, Ministre de la marine du 22 janvier au 22 octobre 1947, Ministre des anciens combattants et victimes de la guerre du 28 octobre 1949 au 11 juillet 1951, Ministre de la France d’Outre-mer du 11 août 1951 au 8 mars 1952 et du 8 janvier 1953 au 19 juin 1954, Ministre d’Etat du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959.

Louis Jacquinot est l’une des rares personnalités politiques marquantes de la Troisième République finissante à avoir poursuivi une carrière flatteuse sous les Républiques héritières. Il le doit à des décisions heureuses, au hasard des rencontres et à sa capacité d’exploiter sa position de patriote modéré mais pas modérément patriote.

D’emblée hostile au gouvernement de Vichy et membre du réseau Alliance, Louis Jacquinot est une première fois arrêté à Marseille en 1942 puis incarcéré à Prades après avoir été intercepté alors qu’il tentait de franchir les Pyrénées. Ayant pu passer enfin en Espagne en janvier 1943, il est interné au camp de Miranda puis gagne Londres et Alger. Louis Jacquinot reconnaît en de Gaulle le chef de la France combattante et le garant de la permanence de la République. Les parlementaires sont trop peu nombreux autour de De Gaulle pour que celui-ci néglige ce ralliement de poids. Louis Jacquinot est l’un des vingt parlementaires à siéger à l’Assemblée consultative provisoire d’Alger. Lorsque le général de Gaulle constitue le Comité de la Libération nationale en novembre 1943, il invite Jacquinot à prendre le portefeuille de la marine. Avec Queuille, Mendès France, Philip, Le Troquer et Pierre-Bloch, Louis Jacquinot est l’un des six parlementaires de ce gouvernement et le seul modéré. Il conserve le portefeuille de la marine dans le gouvernement provisoire que le général de Gaulle forme à Paris en septembre 1944. A ce titre, sa tâche est immense. Elle ne se limite pas à la réorganisation de la marine de guerre mais touche aussi à l’épuration du corps des officiers qu’il conduit sans faiblesse. Louis Jacquinot est l’un des principaux artisans de la modernisation de la marine de guerre car il saisit rapidement l’ampleur des enjeux stratégiques, techniques et industriels qui y sont attachés. Il propose ainsi au général de Gaulle de confier la recherche et les travaux qui concernent l’énergie atomique à la marine nationale et aux arsenaux mais n’est pas suivi sur ce point. Lorsqu’en novembre 1945 est créé un ministère des armées, Louis Jacquinot quitte la marine et se voit confier un ministère d’Etat chargé des affaires musulmanes. C’est du reste de Rabat qu’il apprend le 20 janvier 1946 que le général de Gaulle a démissionné de la présidence du Gouvernement provisoire. Louis Jacquinot quitte les affaires mais pour une durée moins longue.

Dès son retour en métropole, Louis Jacquinot avait renoué des liens avec son département d’élection. En 1945, il est élu Conseiller général de Gondrecourt-le-Château – son père en avait été le maire pendant trente ans – et président du Conseil général de la Meuse, fauteuil occupé jadis par Raymond Poincaré qui avait été avec André Maginot l’un de ses deux modèles. Le 21 octobre 1945, à la tête d’une liste d’union républicaine, il retrouve son siège de député avec 30 702 suffrages sur 91 064 exprimés et est réélu le 2 juin 1946 à la tête d’une liste indépendante d’Action républicaine et sociale. Avec 25 936 voix sur 91 784 voix, Louis Jacquinot perd quelques suffrages au profit de la liste du Rassemblement des Gauches Républicaines mais se maintient en tête. En revanche, le 10 novembre 1946, aux élections à la première Assemblée nationale de la Quatrième République, sa liste regagne le terrain perdu (35985 voix sur 87534 suffrages exprimés). Le RGR avait renoncé à présenter une liste qui visait en partie le même segment électoral. Le score atteste de la solide implantation de Louis Jacquinot dans le département de la Meuse.

Bien qu’il se soit opposé aux deux projets constitutionnels, Louis Jacquinot ne se place pas dans une opposition intransigeante au régime. Contrairement aux gaullistes, il estime qu’une fois adoptées par référendum les institutions doivent pouvoir compter sur la participation de ses élus. C’est ainsi que dès janvier 1947, il retrouve non seulement le chemin des conseils de gouvernement mais aussi la marine. A l’occasion du remaniement du cabinet Ramadier en octobre Jacquinot quitte le gouvernement. Le président du Conseil a, en effet, décidé de réduire le nombre des ministres de 23 à 11. Après une interruption de deux années, il revient au pouvoir en 1949 en qualité de ministre des anciens combattants de Georges Bidault et le reste dans les gouvernements Queuille, Pleven et Queuille.

A l’Assemblée nationale, au cours de cette législature, il est un parlementaire actif et un ministre très présent. Quand il n’est pas au gouvernement, il participe aux travaux des commissions de la défense nationale et des territoires d’outre-mer. Il fut, en outre, nommé juré à la Haute cour de justice en 1948. Comme ministre, il dépose plusieurs projets de loi relevant de la compétence de son département et notamment le 30 mai 1950 un texte autorisant le chef de l’Etat à ratifier les Conventions de Genève pour la protection des victimes civiles. En qualité de ministre de la marine du gouvernement Ramadier, Louis Jacquinot s’attache à convaincre les parlementaires de la nécessité d’accompagner par le vote des crédits demandés la reconstruction de la marine nationale, de ses bases et arsenaux. Il insiste, notamment le 6 août 1948, sur l’absolue nécessité de se doter de porte-avions et de reconstituer l’aéronavale. Le porte-avions qu’il se propose de faire construire serait de 16 700 tonnes, aurait une vitesse de 32 nœuds et 49 appareils embarqués. Faute de porte-avions, la France serait obligée de placer ses forces sous commandement étranger. Or, la flotte doit être réorganisée en fonction des deux missions qui lui sont assignées : assurer la sécurité de la France d’une part et celle de l’Union Française de l’autre. Pour moins dépendre des alliés et disposer de forces modernes rapidement disponibles, notamment en Indochine, le ministre de la marine rappelle qu’il faut tout à la fois se débarrasser des bâtiments obsolètes et construire une marine peut-être plus ramassée mais plus efficace. Il reprend aussi à son compte la proposition qui avait été faite par Félix Gouin de mettre à la disposition de l’ONU une force navale tactique (task force). Louis Jacquinot s’oppose à l’amendement déposé par M. Capdeville qui vise à reporter les crédits de paiement et répond avec fermeté aux arguments présentés par Pierre Cot selon lesquels la France n’aurait pas les moyens de moderniser sa marine. Louis Jacquinot insiste à nouveau sur le fait que désormais le porte-avions est la pièce centrale d’une armée moderne. A l’issue du débat, la décision de sa construction est adoptée. Redevenu simple député, Louis Jacquinot saisit l’occasion que lui offre la discussion du budget pour défendre son œuvre en juin 1949. Il se félicite de l’affectation d’administrateurs civils sortis de l’ENA dans les administrations de la défense, permettant ainsi aux militaires de se consacrer à leur métier. En revanche, il critique la concentration des services à Paris et l’augmentation des effectifs. Il répète qu’il faut augmenter les crédits car l’armée française est mal logée, mal vêtue et mal nourrie mais il faut aussi moderniser son équipement et veiller à ce que les cadres soient d’un niveau suffisant pour servir  » éventuellement dans un système de coalition « . Si des économies doivent être faites, elles ne doivent pas se traduire par une amputation des crédits alloués à la modernisation des forces, des crédits  » destinés à nous donner les instruments de notre puissance « . Il avait utilisé plus d’une fois cet argument au sein même des conseils de gouvernement. Il insiste à nouveau sur la nécessité d’achever la construction du Jean-Bart et de voter les crédits pour  » son  » porte-avions.

En qualité de ministre des anciens combattants, Louis Jacquinot, comme ses prédécesseurs, s’attache à indemniser les victimes de la guerre et à répondre aux attentes des associations de déportés, d’anciens combattants ou bien encore de requis du travail. Il annonce notamment en 1950 une augmentation des pensions des anciens combattants et souhaite  » consolider et développer la solidarité étroite qui doit régner entre les deux générations du feu  » et se propose de rétablir dans la hiérarchie nationale les anciens combattants dans la situation qu’ils occupaient dans l’entre-deux-guerres.

Sources :

Journal officiel de la RF 21 mai 1946
http://www.bernard-guinard.com/Genealogie/fiches/fiche5976.htm
Arche de Noé – MM fourcade

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s