La centrale radio britannique « Home Station »

L’Auxiliary Territorial Service (ATS ; prononcé comme un acronyme) était la branche féminine de la British Army au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été formée le 9 septembre 1938, originellement comme un service de femmes volontaires, et a existé jusqu’au 1er février 1949, quand elle a été fusionnée dans le Women’s Royal Army Corps.

La STS53a Centrale radio britannique « Home Station »  de réception, située à Grendon Underwood (Buckinghamshire) en Angleterre.

L’ATS a pour origine le Women’s Auxiliary Army Corps (WAAC), qui s’était formé en 1917 comme un service volontaire. Pendant la Première Guerre mondiale ses membres ont exercé différents métiers comme commis, cuisinières, standardistes et serveuses. Le WAAC a été dissous en 1921, quatre ans seulement après sa création.

Le corps du First Aid Nursing Yeomanry, en abrégé FANY, est une unité féminine indépendante et une organisation caritative britannique, affiliée à l’Armée territoriale mais n’en faisant pas partie. Le mot yeomanry (cavalerie) se réfère au fait qu’initialement, les femmes qui en étaient membres montaient à cheval.

En 1940, le personnel fut incorporé à l’armée dans l’Auxiliary Territorial Service (Service territorial auxiliaire) où il forma les premières compagnies de conductrices. Il subsista un nombre important d’unités du corps, ou unités libres, qui ne faisaient pas légalement partie des forces armées de la Couronne.

Durant l’été 1940, Colin Gubbins, Directeur des opérations et formations dans le nouvellement crée SOE (Special Operations Executive), cherchait deux femmes pour un travail confidentiel. Il connaissait les FANY par Phyllis Bingham, la secrétaire de Gamwell, parce qu’elle était une amie de famille et qu’elle avait choisi ce cette affectation. Gamwell n’était pas au courant de qui elle était et accepta le transfert. Ainsi Bingham et Peggy Minchin furent choisies pour reporter au 64 Baker Street, et furent conduites dans le monde mystérieux, qui avait pour titre nébuleux de « Bureau des recherches interservices »

Cependant par chance et par son coté peu conventionnel de ce premier contact, le résultat fut une réussite et fut l’occasion de montrer que le statut non officiel FANY était une valeur : ils pouvaient littéralement aller n’importe où et faire ce que bon leur semblait  sans une seul question, à l’instar du SOE. Ils ne répondaient à aucun ministère, et les lignes d’argent dépensé n’apparaissaient sur aucun compte identifié. Le SOE et les FANY était fait l’un pour l’autre.

Certaines FANY ont été des agents « terrains » du SOE parachutés en territoire occupé  mais en faible proportions par rapport deux cents FANYs qui ont servi le SOE en Europe, méditerranée, moyen et extrême orient, dans des taches variées, bien moins extraordinaires, mais non moins importantes de cette organisation en constante évolution. Elles ont travaillé sur chaque tache, du pliage de parachutes aux taches top niveaux. Ainsi quand le parachute s’ouvrait, les explosifs « marchaient » , le message était reçu et transmis, le succès était dépendant de la bonne exécution de leurs taches.

Comme spécialité, sans aucune mesure leur plus grande contribution a été dans les Communications, dans les transmissions et le codage/décodage. Les transmissions sans fil étaient le lien le plus stratégique dans toute la chaine d’opération. C’était le travail opérationnel principal, que les FANY géraient, non seulement en Grande Bretagne, mais partout dans le monde.

En 1941, Audrey Swithinbank, 18 ans, fille d’un pasteur du Suffolk, a rejoint les FANY en tant qu’opératrice Radio, et après des cours théoriques a été appelée pour une séries d’entretiens dans les bureaux de recherches interservices à Baker Street. Elle fut questionnée de manière intensive, mais ne dit rien. Même des mois après elle n’avait aucune idée de la véritable nature du travail qui l’attendait.

Elle fut acceptée par le SOE, bien qu’elle avait à parfaire des exercices, cours et pratiques à Overthorpe Hall près de Banbury , où toutes les FANY recrutées devaient passer. Les cours théoriques incluaient une semaine pour faire toutes les taches les plus dégradantes possibles. « Je ne savais pas pourquoi », Audrey disait « sauf que c’était délibérément pour nous faire comprendre que les FANYs devaient être prêtes à faire n’importe quel travail demandé- tout en gardant leur devises officieuse « je gère » ou aussi  « FANTY un jour, FANY toujours » ce qui je crois avec le recul est vrai.

A la fin, parfaitement endoctrinée et habillée avec un uniforme, elle reporta à Fatley Court, près de Henley, pour quatre mois de formation au code morse. La vitesse requise devait de 25 « mots » à la minute, ce qui voulait dire, comme tous les messages étaient en code de cinq lettres groupées, 125 lettres à la minute, ou légèrement plus que deux par seconde. « Tandis que vous êtes en train d’écrire une lettre, vous en lisez trois à l’avance », expliquait Audrey. « Une fois que votre cerveau est formaté complètement à cette technique, vous ne pouvez l’oublier ».

Elles avaient à signer une clause « d’acte de Secret Officiel », et la sécurité était martelée en elles de façon aussi indélébile que le morse. Vous ne deviez jamais, sous toutes circonstances, dire à personne ce que vous faisiez, ni discuter de votre travail. Comme leurs relations avec les différents services réguliers  étaient tous sauf parfaitement simples, les FANYs du  SOE portaient des grades, Volontaire était le plus bas- mais étaient techniquement des civils et donc non payées à ce titre. En même temps, elles étaient soumises aux lois militaires. A l’extérieur de la Grand Bretagne, quelques femmes portaient double grades, volontaires générales au travail, enseignes cadet honoraires au mess, pour décontenancer les membres des services réguliers. Aucune désignation de cette troisième classe de soldat ne fut plus explicite.

En complément de son cours de radio télégraphie, Audrey fut postée à Grendon Underwood, un manoir embelli par des baraquements (plus tard en prison) utilisé en tant que station radio. Ce fut à ce moment que ses parents furent informés que leur fille était maintenant un « chauffeur » non payé, un message d’autant plus mystérieux sur son activité réelle, qu’a leur connaissance, elle ne savait pas conduire. Ils n’ont jamais rien su jusqu’à la fin de la guerre.

A Grendon Underwood, les opératrices radios étaient présentées au Planning ou « Sked » (pour Schedule=planning), qui allait gérer leurs journées de travail pour les trois années à venir. Lorsqu’elles étaient en service par équipe de 6 heures, dans la longue salle rectangulaire, avec leurs tables et chaises rotatives, leurs appareils radio de réception/émission et leurs clés morse, sous le slogan affiché « Souvenez vous l’ennemi écoute », elles trouvaient sur leurs bureaux, les notifications des listes des indicatifs elles devaient recevoir avec l’heure de contact, et les messages codés à envoyer ainsi que leurs heures d’émission / contact.

Le processus derrière ces femmes était le suivant : un agent envoyé sur le terrain, avait un indicatif facilement destructible et une copie de son plan radio issu du planning. Mais il y avait plein de raisons de  ne pas suivre strictement le plan établi, et des semaines voir des mois pouvaient s’écouler entre l’arrivée de l’agent et son premier contact. Quelques fois ils n’étaient pas du tout attendus. Mais une fois leur identité prouvée, la liaison devait être maintenue. L’excitation quand, après un silence interminable, un agent émettait, était intense mais la tension de la respiration était palpable à travers l’émission. Audrey n’a jamais oublié la fois où le signal Morse qu’elle traitait s’est transformé en signal continu et s’est subitement arrêté. Elle a attendu en vain le retour de la transmission, mais appris plus tard que l’opérateur avait été surpris au moment de l’émission par la Gestapo. Ils lui ont tiré dans la tête, et son corps était tombé sur la clé morse.

Immédiatement après avoir reçu le message, celui-ci était envoyé au décodage. Si beaucoup de messages étaient précis et intelligibles, beaucoup d’autres ne l’étaient pas. Les mauvaises conditions atmosphériques, les brouillages par l’ennemi ou simplement les erreurs faites par l’opérateur travaillant sous stress, impactaient négativement le signal que seulement le temps et la patience  et l’infini astuce des décodeurs pouvaient résoudre. Les équipes de décodages appelées les « Cipherines », ont été fascinés par les énigmes à résoudre dans les messages pour ce travail, et cela a même parfois tourné à l’obsession.  Paddy Sproule, qui travaillait à la fois pour le Moyen orient et l’Italie, se souvient qu’elle avait reçu un signal corrompu qui devait être élucidé, personne n’aurait alors pensé à rentrer chez soi tant que ce problème n’était pas résolu. Ils devinrent comme des accrocs des mots croisés et Mil Walkert parle toujours du codage comme de l’amour de sa vie.

Toutes les FANYs des unités spéciales ne faisaient pas de la Radio.  A partir de 1942 et le SOE a accéléré le rythme et le nombre d’agents formé à augmenté, ainsi de plus en plus de d’école spécialisées ont ouvertes. Certaines d’entre elles étaient spécialisées dans le maniement radio, pour les FANYS ou agents ou les deux. Il y avait des FANYs conductrices, motardes, secrétaires ou comptables, Cuisinières ou commissaires aux comptes, opératrices radio et  instructrices, ou dans le codage.

Celles-ci furent les filles qui ont disparues dans « l’unité Bingham » : pour Phyllis Bingham qui était responsable de leur recrutement, et dans un sens plus large, s’occupaient également de leur santé et bien être. De manière accrue, à partir de 1943 et ultérieurement, elle a été chargée de fournir les personnel radios et de codage pour servir à l’extérieur, et celle en poste au siège du SOE à Londres. Ces filles furent impliquées dans toutes sortes de travail, de la fabrication de cartes ou à la maintenance du registre radio, du briefing des agents à l’émission radio des messages codés de la BBC.

La reine Elizabeth II en tant que conductrice camion, a fait partie de l’ATS (Service Auxiliaire Territorial) dont dépendaient les FANYs, ainsi qu’une des filles de Winston Churchill.

SOURCES : https://fr.wikipedia.org/wiki/First_Aid_Nursing_Yeomanry- The FANY in peace and war – the story of first aid nursing Yeomanry 1907- 2003, ed Hugh Popham

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