André Soussotte (Lanneret) – Secteur Hangar

André Soussotte alias « Lanneret » est né le 05 Septembre 1923 à Hinx-Sur-Adour (Landes)

Tandis qu’en ce début de septembre 1923, l’aviateur héros de la Grande Guerre, Maurice Noguès, réalise entre Strasbourg et Paris la première liaison aérienne de nuit de l’histoire, dans la maison « Sanguinette » à Hinx-sur-Adour, département des Landes, une jeune ménagère, Mathilde Lagrasse épouse du tailleur d’habits Jean Soussotte, donne naissance à leur unique enfant, un garçon qu’ils prénomme Jean André.

A 16 ans en octobre 1939, André est élève à l’École des Mousses à Brest puis en janvier 1940, après avoir signé son engagement pour cinq ans dans la Marine nationale, il  est promu matelot apprenti marin et enfin en début de juillet, à l’issue de sa formation, matelot de 2e classe. Son galon rouge sur la vareuse, il part suivre la formation de radiotélégraphiste sur l’ancien cuirassé  « Océan » transformé en navire école à Toulon.

A sa sortie de l’école, en janvier 1941 et jusqu’à sa mise en disponibilité en décembre 1942, André est affecté sur divers bâtiments de la  zone libre tels que le cuirassé « Colbert », le croiseur « Gloire » et enfin le contre torpilleur « Gerfaut ».

A bord du « Gerfaut » ici en 1940

On pense qu’il a assisté avec émotion au sabordage de la flotte de Toulon le 11 novembre 1942. Ce type d’évènement a pu le faire réfléchir dans son choix de continuer à se battre. Il sera définitivement démobilisé le 1er octobre 1943, à tout juste vingt ans.

Sitôt de retour à Hinx-sur-Adour, il est recruté par l’Abbé Bordes alias « Saint Père » du réseau Alliance, qui le convainc de continuer à se battre et c’est  en tant qu’opérateur radio qu’André entre comme volontaire dans le réseau Alliance, sous le pseudonyme « Lanneret », pour le secteur Hangar-Bordeaux de la zone Sud-Ouest (Sous réseau « Sea Star »). Il est en particulier chargé de la surveillance entre la Rochelle et Bilbao (Espagne). Très habile il assure, pendant un an des émissions quotidiennes avec Londres.

Opérateur radio remarquable et courageux, pour ne pas  se faire repérer il se déplace fréquemment en transportant son émetteur dans une valise et quelquefois, avec l’accord de sa mère, il émet de son propre domicile.  Il donne à tel point satisfaction aux autorités britanniques qu’en 1946 sa mère reçoit un certificat de service et d’appréciation signé de la main du maréchal Bernard Montgomery.

Grâce à sa virtuosité et à son audace, les allemands subissent de lourdes pertes dans le Golfe de Gascogne (une dizaine de sous-marins et plusieurs cargos venant d’Espagne coulés, des hydravions de la Luftwaffe abattus). Dans ces conditions, tous les services de radiogoniométrie du Sud Ouest de la France sont mobilisés pour le neutraliser.

Le 7 décembre 1943, alors que « le pianiste », surnom donné par ses camarades, est en pleine transmission, les allemands localisent son émetteur sur le boulevard Pierre 1er de Serbie à Bordeaux. André est arrêté par la Gestapo, mais avant, il a la présence d’esprit et le temps d’envoyer un SOS à la centrale londonienne en codant « ils sont dans l’escalier ». Son camarade Laborde qui faisait le guet dans la rue est lui aussi appréhendé.

D’autres arrestations suivront dont celle de l’abbé Bordes qui aidait André lors de ses vacations radio à partir de Dax. Au total  une dizaine de membres du réseau Alliance sont capturés.

Il est d’abord transféré au fort de Hâ, où les conditions de vie sont horribles, pour y être interrogé et torturé. Cependant grâce au soutien de ses camarades, il garde le moral.

Le 18 janvier 1944, c’est le transfert vers Compiègne. Le voyage dans des wagons à bestiaux dure trois jours et trois nuits sans boire ni manger.
Puis le 23 janvier c’est le départ, dans les mêmes conditions, vers le camp de Buchenwald où il arrive le 1er février.
Le 4 mars, le périple continue pour rejoindre le camp de d’Offenburg à 20 kilomètres au Sud Est de Strasbourg, où André pense être jugé et exécuté. Il y subit seulement des interrogatoires et le 1er octobre c’est le dernier voyage qu’il entame vers le camp de Gaggenau situé au Nord Est de Strasbourg.
André et ses camarades sont employés au déblaiement de la ville, durement touchée par les bombardements alliés. Sur le dossier du RKG, une mention précise que le 10 septembre 1944, les prisonniers sont mis à la disposition du SD et donc qu’il n’y aura pas de procès. Le 28 novembre, il est averti qu’il va quitter la ville. Pressentant le drame cette nouvelle ne le rassure pas.

Le 29 novembre 1944, André Soussotte écrit deux lettres, la première à ses parents dans laquelle il relate avec lucidité son périple de prisonnier, ses angoisses et  surtout, avec courage, il envisage sa fin proche. La seconde lettre, plus intime, est adressée à sa fiancée « Gil », où on y ressent aussi tout l’engagement d’André.

Ces deux lettres sont remises à un ami de captivité en qui il a toute confiance, un prêtre alsacien, l’abbé Hett. Celui-ci les remettra à la fin des hostilités à la mère d’André.

L’abbé Hett a raconté le départ du camp de prisonniers en ces termes : «  on fit monter les neufs du réseau « l ‘Alliance » dans une camionnette et ils disparurent pour toujours. Leurs bourreaux avaient placés auprès d’eux quatre pelles significatives. C’était le 30 novembre1944 vers cinq heures du soir ».
André Soussotte ainsi que ses huit camarades partaient pour être assassinés par les allemands.
Ce même abbé Hett, organise, en 1945, des recherches pour retrouver les corps. C’est dans la forêt d’Ottenau près de Gaggenau que le charnier est découvert dans deux trous de bombes. Il fait exhumer les neufs corps et les enterre dans le cimetière de la ville. Entre temps la mère d’André est venue, par deux fois, reconnaître le corps de son fils.

Puis après un transit par Strasbourg les corps d’André Soussotte et de son ami l’abbé Bordes arrivent, le 4 novembre 1945, à la cathédrale de Dax où, le 12 novembre, sont organisées des obsèques solennelles. C’est alors une  marche triomphale, organisée par toute la jeunesse locale, qui accompagne la dépouille d’André jusqu’à l’église d’Hinx-sur-Adour où le 14 novembre l’abbé Hett célèbre les obsèques en présence de toute la population.

Fait rare, le lieutenant André Soussotte a été médaillé de la Résistance française avec rosette à titre posthume par décret du 24/04/1946.

Dans le journal officiel de la république française en date du 19/09/1954, il a été décoré, à titre posthume, de la Légion d’honneur (chevalier) ainsi que de la Croix de guerre avec palmes.

Le 12 mai 1946, une plaque est inaugurée à l’école communale d’Hinx-sur-Adour. A cette occasion,  le directeur de l’école et ami d’André fait aux élèves l’allocution suivante :
« Lorsque dans un moment d’ennui ou de paresse, vous lèverez la tête vers cette plaque de marbre, ce nom en lettres dorées d’André Soussotte vous engagera à surmonter votre défaillance. Il vous rappellera que le devoir n’est pas toujours facile à accomplir. Il vous faudra beaucoup de persévérance et de courage dans la vie qui commence pour vous ».

Distinctions :
Légion d’Honneur (chevalier)
Croix de Guerre 39-45 avec palme(s)
Médaille de la résistance avec rosette
Son décès est inscrit à la commune de Hinx-sur-Adour
Document portant la mention MPLF : Acte de décès n°5 – 1946

Rédaction association l’Alliance.

Sources :

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