Edouard Brunet (Réséda) – Secteur Patrouille

Edouard Brunet Alias « Réséda » ou « P.472 », architecte- Un enfant.

Edouard Brunet est un architecte d’Eu en haute Normandie. En juin 1943, à 43 ans, il est approché par un agent recruteur du réseau Alliance. Il saute sur l’occasion et s’engage dans la lutte contre l’occupant. 

Édouard s’initie aux règles du combat clandestin, on lui donne un nom de code : « Réséda ». C’est un pseudonyme inhabituel dans l’Organisation, où les membres ont pris l’habitude de se cacher derrière des noms d’animaux (Hérisson, Aigle, Tigre, Pie…).

Réséda se voit confier la surveillance d’une bande littorale de quelque cinquante kilomètres, allant de Berneval, proche de Dieppe, jusqu’à Ault, dans la Somme. Il dépend de la zone nord et du secteur nommé « Patrouille », son sous-secteur reçoit pour nom de code « Patrouille du Paradis », une appellation teintée de poésie qu’il apprécie avec amusement. Il met au point une organisation. Pour recueillir les renseignements, il est évidemment le mieux placé, par ses fonctions et ses capacités de circulation, mais il ne peut tout faire seul. Il recrute avec soin trois agents. Le premier, Édouard Wandre, était avant-guerre interprète attaché aux services du consulat britannique. Le deuxième, René Brunel, recruté en novembre, réside dans un village voisin, Touffreville. Sa tâche est de surveiller plus particulièrement la campagne, en arrière de la zone interdite. Le troisième, Eugène Deschamps, recruté en mars 1944, sergent-chef militaire de carrière, est le gardien de la caserne de la ville. C’est en réalité un dépôt d’artillerie réquisitionné par la Wehrmacht pour y loger ses hommes, et donc l’endroit parfait pour connaître le mouvement des troupes.

Une fois les informations rassemblées, il faut les rédiger en un message le plus court possible, afin de limiter la durée des émissions radio. Les textes plus longs, les documents, croquis, photos éventuelles, sont expédiés par le courrier régulier. Messages et courriers doivent parvenir à un relais, chez Maurice Pollet (en fait le coordinateur local du réseau), un négociant en bois habitant Gamaches, petite ville sur le cours de la Bresle, 13 kilomètres plus au sud. Or la route de Gamaches est contrôlée par un barrage, avec factionnaires en permanence et rondins en bois placés en chicanes.

Édouard demande à son fils Pierre, enrôlé dans l’affaire, nom de code « la Souris », d’acheminer les messages en vélo.

Pierre Brunet, alors âgé de 17 ans, souffre depuis sa tendre enfance d’une maladie rare. Un kyste s’est développé sur l’hypophyse, qui gêne le fonctionnement de la glande et perturbe le développement physique du gamin (les chirurgiens n’ont pas à cette époque les moyens d’opérer). Son cerveau et son corps fonctionnent à merveille, il est parfaitement proportionné, mais sa taille reste anormalement petite, si bien qu’à 17 ans on le prend pour un môme de 12 ans à peine. Le père et le fils, en plein accord, comptent jouer sur cette illusion. Ils se sont aperçus que les Allemands ne contrôlent que rarement les enfants et ne les retiennent quasiment jamais. La ruse réussira, à aucun moment l’enfant ne sera inquiété en passant le barrage sur son petit vélo. Ses liaisons seront pourtant fréquentes, il lui arrivera même d’en assurer trois dans une seule journée.

Voici un exemple de message :

Et une semaine plus tard

Il émet avec un opérateur radio les informations urgentes et envoie également des courriers par avion Lysander ou un plus exceptionnellement un « paquet » (pilote Britannique abattu) pour Londres. Alliance préférait ne pas mélanger par sécurité, filière d’évasion et renseignements.

Il répond aussi à des questions très précises de L’intelligence Service :

Il est ensuite nommé pendant le 21 Juin 1944, chef local des FFI pour la zone Eu-le tréport-Mers les Bains par le général Koenig. Il est chargé de libérer la ville principale et de faire respecter l’ordre dans celle-ci ainsi que dans les communes avoisinantes.

Extraits de « Les héros anonymes de l’été 44 » de Jean-Pierre Ferey publié aux Editions du Rocher (2014)

Collection Jean Brunet – http://baromesnil.canalblog.com

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